Trop d’articles passionnants ne seront jamais lus. En cause, des titres banals, des accroches inexistantes. Pour éviter cette hécatombe, voici quelques conseils pour bien accrocher son lecteur.
« Vous avez six lignes. Si vous ne m’avez pas intéressée au bout de six lignes, c’est fini », aurait un jour intimé Françoise Giroud à ceux qui lui proposaient des sujets. Que cette citation de cette figure du journalisme du 20ème siècle soit vraie ou non, elle illustre bien l’importance de l’accroche d’un article. Car le lecteur décide en quelques dizaines de secondes au maximum de lire un papier ou de tourner la page. Une accroche ratée condamne le meilleur des articles à être ignoré.
Droit au but
Accrocher, d’accord, mais comment ? Tout d’abord, en allant droit au but. Evitez le contexte, les généralités, l’affreux « De tout temps, les Hommes… » ou le hautain « Tout le monde sait que… » (très vexant pour ceux qui ne savent pas). L’information principale de votre article doit être présente dès le début. Le contexte, bien après. Cela vous semble contre-intuitif, voire illogique ? C’est pourtant la seule manière d’intéresser une personne qui n’a pas d’appétence particulière pour le sujet que vous lui proposez.
Mais être direct ne suffit pas toujours. En tant qu’humains, nous sommes sensibles aux émotions, et c’est avec elles qu’on accroche le lecteur. Ce n’est qu’ensuite que l’on aborde la question plus rationnellement. Quelles émotions ? Toutes sont possibles (mais pas forcément souhaitables) : l’émerveillement, l’étonnement, la peur, le rire…
Humour et étonnement
Voici quelques exemples de titres accrocheurs piochés dans des revues scientifiques, ou dans les rubriques science de journaux généralistes. « Au Kenya, les marchands de sable endorment les rivières » joue à la fois sur l’étonnement et l’humour. « Les plus belles photos de Curiosity sur Mars » nous émerveillent. Inversement, « Des chercheurs ont calculé la fonte du Groenland depuis 1972 : ça fait peur » réveille nos craintes, non sans raison.
N’oublions pas l’aspect utilitaire dont les lecteurs sont friands, notamment en santé, par exemple « L’ibuprofène à éviter en cas d’infection ». Un petit clin d’œil au lecteur est toujours bienvenu, comme dans ce très joli titre sur un sujet pourtant austère de géologie : « La pluie, tradition bretonne depuis 300 millions d’années. » Et bien-sûr, la polémique fait toujours vendre, comme « Don de plasma : une enquête dévoile les méthodes douteuses d’une multinationale »
Honnêteté
Mais attention, un titre et une accroche ne doivent pas « survendre » l’article. Rien de pire qu’allécher le lecteur avec un début choc, puis de le décevoir : il se fera avoir une fois ou deux, puis ne reviendra plus du tout. Mettre en valeur, ce n’est pas exagérer ou mentir, c’est simplement faire ressortir ce qui est intéressant, drôle, émouvant ou passionnant. La science est belle et vivante, montrons-le !
Cécile Michaut
Les titres sont tirés respectivement de Science et Avenir (20 avril 2019, 3 novembre 2016 22 avril 2019), Le Figaro (18 avril 20196), Le Monde (27 août 2019), L’Obs (30 août 2019).