Et si notre capacité à vulgariser dépendait aussi de nos collègues ? D’après Cédric Villani, médaille Fieds et grand vulgarisateur, l’environnement professionnel est crucial pour développer le goût de la vulgarisation.
« L’Ecole nationale supérieure de Lyon, où j’ai mené la majorité de mes recherches, est un des endroits les plus en pointe en pédagogie et en vulgarisation. J’ai assisté à des conférences de grands vulgarisateurs, comme Etienne Ghys, auteur d’un DVD sur les dimensions en mathématiques, avec de nombreuses animations. Et surtout, l’esprit général encourageait à vulgariser, même en séminaire. »[1]
Un esprit absent dans d’autres lieux de recherche, où l’on préfère rester entre spécialistes. « Même à l’époque d’Internet, la culture est différente selon les lieux de recherche, le fait d’être physiquement à tel ou tel endroit forge l’esprit différemment. La vision du rôle du chercheur envers la société n’est pas la même. Pour moi, le rôle du vulgarisateur est de montrer comment la recherche est belle, il faut surtout éviter de faire la morale. »
Et vous, votre environnement de travail vous pousse-t-il à partager vos savoirs avec le plus grand nombre ? Ressentez-vous de la bienveillance envers ceux qui s'essaient à cet exercice difficile ? Ou vulgariser reste-t-il mal vu autour de vous ? Quels sont les facteurs qui encouragent ou découragent les chercheurs à vulgariser ?
Cécile Michaut
Propos tirés de Vulgarisation scientifique, mode d’emploi.
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Justine Galet (dimanche, 05 octobre 2014 11:41)
Sujet complètement d'actualité ! J'ai réalisé une thèse en microbiologie et en parallèle je me suis intéressée à la médiation scientifique je m'y suis investie un maximum. A présent, je suis chargée de communication au centre de recherche Inra de Nancy-Lorraine. D'après les chercheurs que je côtoie quotidiennement et ma propre expérience pendant la thèse, je peux conclure qu'il y a 2 "clans". Les chercheurs qui ressentent la médiation scientifique comme quelque chose de positif pour les sciences et la société, ils sont prêts à s'y investir et au contraire il y a ceux qui estiment que la médiation ne sert pas à grand chose et qui voient d'un "mauvais œil" les chercheurs qui choisissent cette voie. Justine
Thierry Viéville (dimanche, 05 octobre 2014 12:19)
Oui côté Inria, la médiation scientifique est une des facettes de notre métier, surtout en sciences du numérique (sciences informatiques, mathématiques appliquées) dont l'impact sociétal est majeur. Nous sommes formés et évalués aussi sur cet aspect; c'est une toute petite partie (on parle de 1%) de notre travail mais un vrai service public au service de chacune et chacun.
C’est aussi un plaisir, celui « d’allumer l’étincelle dans les yeux des enfants », se plaisait à rappeler Gilles Kahn, ancien PDG d’Inria et premier informaticien à être entré à l’Académie des sciences.