Partager vos recherches avec des non-spécialistes ne vous fera pas progresser dans votre carrière ni recevoir la considération de vos collègues. Alors pourquoi vulgariser ? A chacun ses raisons, en voici quelques unes
- Informer les citoyens, surtout sur les sujets « sensibles », depuis les OGM jusqu’au nucléaire en passant par les recherches sur les embryons, les gaz de schiste, les ondes électromagnétiques ou les études de genre.
- Montrer aux contribuables à quoi est utilisé l’argent dépensé pour la recherche.
- Faire naître des vocations : combien de personnes font aujourd’hui de la recherche grâce à une discussion avec un chercheur passionné, ou une visite, enfant, au Palais de la Découverte ?
- Faire progresser ses recherches, en prenant du recul et en se posant des questions qu’on ne s’était pas posées depuis longtemps.
- Trouver des financements. En effet, même s’il ne s’agit pas ici de vulgarisation grand public, toute demande de financement s’adresse à une commission dont les membres ne sont pas forcément de votre spécialité.
- Mais la raison principale (et sans laquelle on se lasse très vite), reste le plaisir de partager sa passion de la science avec le plus grand nombre.
Et vous, pourquoi vulgarisez-vous ?
Cécile Michaut
Écrire commentaire
Muller (lundi, 15 septembre 2014 21:06)
Vulgariser est un terme négatif pour beaucoup de gens. Pour ma part c'est essayé de mettre à la portée de tous ma passion des insectes et des techniques de tournages cinématographiques.
Faire respecter la vie des petites bêtes....tout simplement.
Cécile Michaut (mardi, 16 septembre 2014 08:16)
Oui, le terme vulgariser n'est pas très beau... cependant, je n'en ai pas trouvé d'autre. Il y a bien "médiation scientifique", mais c'est plus long, et puis le terme médiation a une connotation liée aux conflits (judiciaires, matrimoniaux...).
Si vous connaissez d'autres termes plus adéquats, je les utiliserai avec plaisir.
Thierry Viéville (mardi, 16 septembre 2014 22:02)
Côté Inria, oui c'est bien tout celà (surtout le plaisir du partage de ce qui nous passionne et le devoir d'information sur ces sciences fort impact sociétal) mais c'est AUSSI une facette de notre métier de chercheur: cela fait partie du service public que nous rendons, et cela est évidemment pris en compte (pour une petite part, mais bien réelle) dans l'évaluation de notre travail.
Côté Inria, oui c'est bien tout celà : surtout le plaisir du partage de ce qui nous passionne.
VIOTTI Philippe (mercredi, 17 septembre 2014 02:45)
Bonjour, merci pour votre article car la question est loin d'être anodine.
La culture scientifique ne doit pas être limitée aux seuls acteurs du monde des sciences mais faire partie de la culture générale. Je citerai le scientifique Trinh Xuan Thuan qui déclare que : "La science ne doit pas être exclusive mais faire partie intégrante de la culture".
Puisque nous n'avons pas d'autres termes pour désigner cela, alors vulgarisons : rendons compte au grand public avec des mots communs ce qui est compliqué par un jargon spécialisé.
L'art est difficile : on peut dénaturer facilement l'information initiale. Mais il faut recadrer rapidement l'article et se concentrer sur les faits principalement et non pas sur les aspects techniques. Les articles de vulgarisation scientifique doivent être des introductions : ceux qui voudront entrer plus avant dans le sujet se réfèreront aux liens en bas de page.
Les médias de masse nous rendent la tâche difficile, présentant comme un réflexe pavlovien la science sous son aspect négatif et inquiétant. Nous devons redonner à tous l'envie de rêver grâce aux sciences, de faire naître dans les yeux de chacun cette étincelle d'émerveillement comme ont pu l'avoir ceux qui regardaient Neil Armstrong poser son pied sur la lune. Le futur sera ce que nous en ferons et pour cela, mieux vaut être informé et avoir l'envie de le construire en l'envisageant avec optimisme.